Jean-Claude Seys – ADAF

Quels sont les enjeux actuels pour votre secteur ?

Les complémentaires emploient plus de 80 000 personnes et assurent 95% des Français, à leur satisfaction si l’on en croit les sondages. Elles financent près de 13% des dépenses de santé, sans pratiquer de sélection, ni de résiliation pour cause de santé. Par ailleurs, elles lèvent un montant élevé de taxes dont une partie finance la CMU (devenue CSS), qui est un acte de solidarité des assurés aisés vers les plus démunis.

L’enjeu principal pour la profession est d’être plus présente et de rendre davantage de services aux bénéficiaires, et pour cela réussir à limiter la tendance à la bureaucratisation que tentent d’imposer les pouvoirs publics.

Comment votre organisation permet-elle d’y répondre ?

L’Association pour le Développement de l’Assurance Française (ADAF) n’est pas un syndicat professionnel mais une association d’entreprises adhérant à trois structures représentatives différentes : France Assureurs (anciennement FFA), la Fédération Nationale de la Mutualité Française (FNMF) et le Centre Technique des Institutions de Prévoyance (CITP). Le partage d’études et de réflexions leur permet d’adopter des positions identiques dans ces organisations, sur les grands sujets où elles ont à négocier avec les pouvoirs publics.

Jean-Claude Seys, fondateur de Covéa et membre de l’Association pour le Développement de l’Assurance Française (ADAF)

Selon vous, votre secteur est-il assez pris en compte dans le débat présidentiel ?  Quel regard portez-vous sur les propositions des candidats, leur prise en compte des enjeux de votre secteur ? 

Les débats de la présidentielle portent essentiellement sur ce qui ne va pas dans le pays, ce qui n’est pas le cas de nos entreprises. Le seul sujet un moment évoqué a été la volonté du Ministre de la Santé de créer une Grande Sécu en absorbant les complémentaires. Elle n’a pas rencontré d’écho fort car le domaine de la santé pose à l’État d’énormes problèmes (déficit de la Sécu, déserts médicaux, fermeture des lits d’hôpitaux faute de personnel, manque de médecins dans plusieurs spécialités, rationnement de certains soins). Elle s’attaque à un aspect de l’organisation du système de santé publique qui donne satisfaction et apparait comme une manœuvre pour détourner l’attention des vrais problèmes. 

De votre point de vue, quelles politiques publiques faudrait-il déployer pour répondre aux enjeux du secteur ? Avez-vous des propositions à apporter au débat public ? 

A court terme : Il faudrait corriger une injustice : les personnes âgées, on le sait, sont à l’origine de dépenses de santé élevées. Leurs contrats de complémentaire santé sont coûteux et supportent une taxation proportionnelle, donc forte, alors que les actifs travaillant en entreprises sont subventionnés par ces dernières, dépensent moins et bénéficient d’une déductibilité fiscale.

Par ailleurs, beaucoup de dépenses de santé particulièrement utilisées par les personnes âgées – les équipements médicaux – supportent la TVA. Et la taxe sur les conventions d’assurance est une taxe sur les sommes destinées à payer la TVA.

A long terme : Tout pousse à la croissance des dépenses de santé : le vieillissement de la population, le coût des nouveaux traitements caractéristiques de la médecine personnalisée, la montée en puissance des problèmes psychiques. Il n’y a qu’une façon de ralentir cette croissance, c’est d’élever la prévention au rang de priorité nationale. Le système de soins doit viser désormais à la conservation de la santé et non plus à sa restauration. C’est la seule voie qui allie satisfaction des citoyens et économie. La Sécurité Sociale doit s’occuper des grandes actions de prévention (dépistages, vaccinations, etc…) et les complémentaires, elles, de la prévention secondaire au niveau des entreprises et des particuliers dont elles sont proches.

Liste des membres de l’Association pour le Développement de l’Assurance Française

Membres personnes morales

AÉMA, représenté par Mr Adrien Couret,
AG2R LA MONDIALE, représenté par Mr André Renaudin,
ALLIANZ France, représenté par Mr Jacques Richier,
AXA, représenté par Mr Patrick Cohen,
COVEA, représenté par Mr Thierry Derez,
GENERALI représenté par Mr Jean-Laurent Granier
GROUPAMA, représenté par Mr Thierry Martel,
MAIF, représenté par Mr Pascal Demurger,
MATMUT, représenté par Mr Nicolas Gomart,
MALAKOFF HUMANIS, représenté par Mr Thomas Saunier,
PRO BTP, représenté par Mr Hervé Naerhuysen,
SCOR, représenté par Mr Denis Kessler,
SWISSLIFE, représenté par Mr Tanguy Polet,
VYV, représenté par Mr Delphine Maisonneuve

Membres personnes physiques

Mr Thomas Buberl.
Mr Thierry Beaudet,
Mr Jean-Claude Seys.